La psychothérapie analytique de l'enfant :

 

Les enfants peuvent souffrir d'un profond mal-être et traverser des périodes difficiles comme les adultes, à la différence que, bien souvent, chez l'enfant il ne se manifeste pas de la même manière et de ce fait, il est plus difficilement repérable même pour un entourage déjà très attentif. Si cette souffrance n'est pas traitée, elle peut provoquer des troubles entravant sérieusement la vie quotidienne, sociale voire scolaire et conduire, en s'aggravant, à une mise en danger réelle de sa santé mentale. L'enfant étant en cours de développement, il semble nécessaire de lui permettre d'avoir le moins recours à ces fonctionnements inconscients qui pourraient déterminer en partie sa future vie d'adulte. 

 

Pour cette raison, il peut être utile de faire consulter l'enfant le plus tôt possible pour se rendre mieux compte de son état psychique si des signes inquiétants (énurésie, maux de tête ou de ventre, comportement "perturbateur", cauchemars...) venaient à être perçus par l'entourage (domicile familial, école, centre de loisirs...).  Une psychothérapie pourra alors être proposée en cas de réel besoin pour permettre à l'enfant de s'apaiser, récupérer en énergie psychique et se soulager au mieux de sa souffrance.

 

Dans d'autres cas, il peut s’agir simplement de permettre à l’enfant de mieux construire sa capacité à penser dans un espace sécurisant le plus structuré et contenant possible afin de comprendre le monde qui l’entoure, qui ne lui apparaît pas toujours suffisamment clair et qui peut lui provoquer des angoisses.

 

« L’enfant a toujours l’intuition de son histoire. Si la vérité lui est dite, cette vérité le construit » (Françoise Dolto)

 

La psychanalyse peut créer un espace suffisamment adapté pour contenir les angoisses de l'enfant et lui permettre de mettre des mots sur ses expériences. Le développement de sa capacité à verbaliser (à penser) ce qu'il vit de l'intérieur va tendre à lui permettre de supporter au mieux ses affects.


Ces "tempêtes d'émotion" peuvent fréquemment déclencher chez l'enfant des troubles obsessionnelsphobiques, oppositionnels (colères, désobéissances permanentes...), plus rarement des troubles plus graves, comme du comportement (impulsivité, déficit de l'attention, hyperactivité...) ou de la conduite (vols, destructions matérielles, agressions physiques...). Mais dans tous les cas, elles sont  incontrôlables pour l'enfant et altèrent sa relation à l'autre et avec son environnement. 


Sous la menace d'une désorganisation psychique,  l'acte (compulsif) permet à l'enfant de matérialiser une butée "défensive" pour tenter de la contrôler. L'enfant, en échec dans sa fonction Sujet, crée des symptômes (agitation motrice, décharges tonico-emotionnelles, ...) pour lutter contre son anxiété.  


Dans le cadre d’une psychothérapie analytique d’un enfant, le jeu est fréquemment utilisé comme moyen d’expression et permet des associations (gestuelles, verbales ou graphiques) que l'analyste peut verbaliser et interpréter. Je m'inspire en grande partie des techniques de médiation thérapeutiques et des phénomènes transitionnels. 


Par le jeu intersubjectif, l'analyste devient, avec ses ressentis, matière à faire sentir à l'enfant ses propres vécus comme un autre, double de soi. Ces expériences permettent de rejouer des scénarios infantiles primaires et d'acceder au processus de symbolisation nécessaire pour les lui rendre interpretables et acceptables (au lieu de se laisser traverser par elles sur un mode clivé de plaisir et déplaisir).


Ce travail de processus de transformation (sublimation) à pour rôle de permettre à l'enfant de devenir Sujet mais aussi de percevoir l'autre comme un Sujet également (et non comme un objet). Un travail psychoeducatif autour du développement de son empathie et de ses habilités sociales peut être proposé en complément de l'approche analytique. 


Si ce jeu relationnel entre l'analyste et l'enfant est (ré)initialisé au sein de l'espace thérapeutique, il doit pouvoir etre transférable sur la scène familiale avec chacun des parents.   Pour cette raison, il est important de travailler avec l'enfant en collaboration avec chacun des parents autour du lien avec leur enfant. 


L'alliance thérapeutique entre l'analyste et les parents et pas seulement avec l'enfant, tout en préservant l'espace personnel et confidentiel de ce dernier, est un facteur essentiel au bon déroulement du suivi. Je construis le cadre des rencontres et ses modalités en tenant compte des besoins de l'enfant mais aussi des parents afin de favoriser la disponibilité psychique de chacun. 

      

Les entretiens familiaux analytiques dans le cadre des psychothérapies pour enfants et adolescents :

 

Isoler le contexte familial dans la psychothérapie d'un enfant ou adolescent, a peu d'intérêt, voire, peu de sens. Tout symptôme d'un enfant repose, dans la plupart des cas, sur des facteurs de risques familiaux et environnementaux. Mais pas seulement, pour reprendre l'idée de Françoise Dolto,  il raconte aussi l'histoire de sa famille.

 

De ce point de vue, à la demande de la psychanalyste, des entretiens familiaux peuvent être proposés, en alternance avec les consultations individuelles, afin de mieux comprendre les difficultés de l'enfant au travers de l'histoire de ses parents.

 

Certaines de ses rencontres peuvent se dérouler en présence de l'enfant, d'autres sans lui (mais cela lui est expliqué), si les parents veulent évoquer certains événements traumatiques de leur propre histoire, auquel l'enfant n'est pas encore prêt à entendre, à appréhender.

 

L'objectif de ce travail familial est d'accompagner les parents à analyser les scènes de vie familiale (non pas sur les faits mais sur les vécus) pour aider leur enfant. L'idée étant de construire, à travers un espace-temps proposé par la psychanalyste, une forme de "miroir" d'identification entre membres de la famille qui permette à chacun de trouver sa place mais aussi et surtout, de pouvoir se différencier, sans créer de rupture.

 

Créer ensemble une "enveloppe" familiale pouvant permette à  l'enfant de sentir qu'il ressemble à l'autre mais sans obligation d'être identique totalement à l'autre et  renforcer ainsi, son sentiment d'appartenance et de sécurité, peut être l'intérêt de cet accompagnement familial.

 

De l'évolution de la famille, un espace-temps pour l'enfant de pensée à soi et pour soi peut être ainsi dégagé. Et c'est sans doute grâce à ce travail familial, que la thérapie individuelle de l'enfant prendra tout son sens et le dotera des ressources nécessaires pour évoluer à son tour, laissant cours à son libre jeu de son imaginaire, ses désirs, ses pensées....avec le moins d'angoisses possibles.